N’oublies jamais ce que tu es, car le monde ne l’oubliera pas. Puise là ta force, ou tu t’en repentiras comme d’une faiblesse. Fais-t-en une armure, et nul ne pourras l’utiliser pour te blesser.

Était-ce un rêve ou un cauchemar ? J'avais l'impression d'osciller entre ces deux mondes, sans pouvoir savoir lequel était présent. C'était comme marché sur une ligne entre les deux, sachant très bien qu'un seul faux pas suffiraient à nous faire basculer du côté des ténèbres, mais qu'il était nettement plus compliqué de faire l'inverse. D'un côté, le cauchemar que représente l'abandon de mon ancienne vie, de tout ce que j'ai toujours connu. Enfin, c'était déjà une partie de moi, non ? C'était ardu, une douleur persistante de savoir que plus jamais je ne pourrais vivre comme avant ou revoir ceux que j'aimais, pas tant que je n'aurais pas trouvé un moyen de changer les choses, de me changer moi. Mais d'un autre côté, cela pouvait avoir l'air d'un rêve, cet univers énigmatique dans lequel j'étais plongée. Au départ, j'avais eu peur, je ne savais pas quoi en penser. Et puis, il y avait eu ces gens, des êtres formidables sur qui je pouvais compter, qui m'avaient accueillie sans questions, sans préjugés et qui m'avaient accepté comme je suis. Plusieurs tentaient même de m'aider, bien que je voyais dans le regard de certain cette lueur de douleur que j'aurais souhaité effacer. Mais je n'avais pas le pouvoir de le faire. Quant à moi, j'avançais sur cette ligne, ne sachant de quel côté j'allais tomber.

Depuis que j'avais ouvert les yeux ce matin, la question de ma nouvelle vie résonnait dans mon esprit. Ma vie avait totalement changé ces derniers temps. Non pas parce que je l'avais décidé, mais tout simplement parce que je ne me souvenais même plus de celles que j'étais hier. Partout dans cette ville, les gens parlaient de magie et de portails vers d'autres mondes, tout ça me dépassait. Je ne savais plus ce que je vouais croire ou non, ce qu'il m'était permis d'espérer. Pire encore, je ne savais même plus qui j'étais. Je me sentais comme s'il me manquait une part de moi, une part importante que je n'arrivais pas à retrouver. Quelque chose de crucial que j'avais perdu dans le néant et qui me ramenait inlassablement sur la ligne, peut importe mes efforts pour rejoindre la lumière. Depuis que j'étais sortie de cette grotte, sans même savoir où j'étais, quelque chose avait changé. Je m'étais adapté de mon mieux à Storybrooke, mais ce n'était pas toujours facile. Comme tous les après-midis depuis quelques jours, j'entrai dans le café de Granny, me commandai un chocolat chaud et allai m'asseoir seule à une table. Je ne restais pourtant pas seule très longtemps.